Zanzibar : l'île aux trésors

Perle de l'océan indien, Zanzibar ne faillit pas à sa réputation....

Au nord : Ras Nungwi et l'atolĺ de Mnemba

Nous quittons Pangani en petit bateau à moteur pour rejoindre l’archipel de Zanzibar à env. 50 kms au large, en compagnie de quelques villageois. Le voyage commence Pole Pole ( tranquillement), sur une mer d’huile, mais peu à peu le ciel devient noir, le vent se lève, de sombres nuages grimpent dans le ciel qui se vide littéralement sur l’océan agité. Nous courbons l’échine et nous en remettons à la confiance que l’on peut accorder à notre coquille de noix pour nous maintenir à flots jusqu’à Zanzibar.

Nungwi. Petit village de pêcheurs aux maisons de terre protégées de tôles, côtoyant de beaux hôtels sur le bord de mer. Sable blanc, eau translucide prenant selon la lumière tous les tons entre le bleu marine et le vert émeraude. Ciels bleus moutonnés, noirs d’augure pluvieuse, rouges précédant le crépuscule. Soleil de plomb. Peaux ébènes voilées étoffes colorées.

Nous embarquons un matin à marée basse pour l’île de Mnemba. Des femmes fouillent les algues en quête de crustacées, leurs hommes bouchent les fissures de leurs coques de bateaux ( dhows ) , préalablement chauffées au feu de bois, à l’aide d’étoffes de coton.

Première surprise, notre cap croise celui d'une dizaine de dauphins. Nous sautons à l'eau pour gouter au plaisir de les voir au ras des flots surgir, onduler sur la surface agitée avant de replonger dans cette eau à 29 degrés.

Plus loin nous apercevons Mnemba, touffe de forêt tropicale posée sur une langue de sable blanc.

Nous enfilons nos masques ( vous décèlerez une pointe d'humour ironique dans ce propos) et plongeons à la découverte d'un petit récif corallien où se concentrent une multitude de poissons colorés, anémones, chenilles et étoiles de mer, oursins. Sur l’ile , nous posons les pieds sur le banc de sable blanc à marée basse, croissante. Décor fascinant ! Impression d'éternité. Perspectives trompeuses, comme si terre mer et ciel formaient une unique palette de couleurs.

Au retour dans un bain vert émeraude, sous un ciel gris nous longeons la côte sauvage, où se nichent quelques hébergements luxueux.

A Nungwi, 2 centres de conservation des tortues marines accueillent les visiteurs pour un droit d'entrée modique. L'occasion d'observer, nourrir et même nager avec ces apaisantes créatures est unique. Nous restons une matinée entière seuls avec une trentaine de ces rescapées de la mer, prises involontairement dans des filets de pêcheurs, soignées dans ce centre, puis relâchées chaque 20 février en vue de pouvoir se reproduire puis elle-même donner chance de vie à env 500 oeufs sur leur propre lieu de naissance. L'espèce est d'autant plus fragile que durant leur vie, qui peut durer 120 ans, elle ne pondent qu'à 2 reprises. Le réchauffement de l'océan indien, déjà plus d'un degré, induit une fragilisation des lieux de nidification, ainsi qu'un déséquilibre de genre en faveur des femelles d’autant plus nombreuses que les œufs sont chauds.

A marée basse nous pouvons mieux distinguer les poissons étranges ( poisson boite, poisson trigger Picasso) qui partagent avec ces dames ce lagon, bassin naturel en connexion sous terraine avec l'océan.

Au marché de poissons, nous partageons le menu quotidien (riz accompagné d'une petite portion de thon et d'une sauce épicées) avec des pêcheurs, absorbés par une série romantique à la télé, puis barbotons le reste du jour dans l'eau turquoise, nous rafraichissant d’eau de noix de coco taillées par des jeunes hommes de plage (beach boys) , collants car les clients manquent cruellement à l'appel dans ce lieu habituellement touristique. Notre heureux séjour dans ce décor paradisiaque contraste avec leur difficultés à passer la vague du Covid. On assume en se disant que nous faisons notre part, et nous tâchons de partager avec respect et équité notre modeste support économique.