top of page
  • biodivercyclos

Kirghizistan: parfum d'Orient à Jalalabad et sauvage vallée de Suuzamyr

Depuis Sary Chelek, nous nous dirigeons plus au sud vers la plaine du Fergana, oasis de fertilité dans cette Asie désertique, irriguée par la rivière Naryn. C’est la saison des foins, bottes de 60cm montées à la fourche sur des camionnettes, des cerises, prunes blanches et concombres vendus en sacs sur le bord de la route.


Nous glanons un peu de la vie des gens.

Aux heures les plus chaudes, les travailleurs des champs partagent le thé et se reposent sur leurs tapis colorés à l’ombre des fruitiers.

Dans les villages, voici de jeunes étudiantes aux allures de princesses en jupe noire et chemise blanche, allant sur le bas côté chaotique de la route poussiéreuse.

Le long des allées de peupliers, les pies et corneilles rient à notre passage.


Au Bazaar de Jalalabad, le cuisinier au regard profond grillant des chachlik. Les commerçantes aux pommettes généreuses. Nous sommes là immergés dans le plein Orient et ses senteurs, sa finesse, ses douceurs. Parfums d’épices, de fruits séchés, brochettes de viande. Petites échoppes où l’on trouve tout le nécessaire pour une vie rurale sans fards, où nous trouvons facilement un cordonnier pour réparer chaussures et sacoches à vélo fatiguées.


Le week-end, les mariages donnent lieu à de grandioses et ruineuses cérémonies. Les jeunes mariés troquent à grands frais le temps d’une journée leur Lada bringuebalante pour une rutilante limousine. Nous profitons du confort d’un hôtel fastueux étonnamment abordable au sein d’un grand parc où nous nous divertissons dans des manèges datant de l’époque soviétique.


Puis nous nous lançons dans une traversée d’ouest en est du pays, direction Kazarman. Mais après une heure de vélo, les yeux rivés sur les montagnes que nous aurons à franchir, deux policiers sentant notre ambition la coupent net. La route est fermée : Gorode zakrit ! Le col à 3000m est encore encombré de neige, nous sommes donc contraints de faire chemin inverse vers le nord. Pas de grande boucle donc. Nous tendons le pouce et nous voilà confortablement à bord de la cabine de camionneurs, nos vélos et bagages disposés dans la grande remorque avec des cargaisons de matériaux de construction ou de Kartochka (patates), voyant rembobiner en quelques heures le film de nos journées d’efforts sur la même route.


Nous passons d’un camion à un second, à la faveur du secours d’un confrère en panne et de la cérémonie du thé improvisée sur le bas côté.


Cette grande traversée montre combien le Kirghizistan est composé en quelque sorte de deux pays. Le sud tourné et mêlé à L’Ouzbékistan et au Tadjikistan, et le nord plus axé vers le Kazakhstan et la Russie. Entre les deux: des monts rocheux, des hauts plateaux déserts, des cols enneigés et , à 3000m d’altitude, une perle le lac Song Kul dans son écrin de verdure, que nous visons.


Depuis Suuzamer, nous nous jetons dans l’inconnu sur 250kms de piste et routes en construction. Dans ces grandes étendues désertiques, le ciel revêt un ton poussiéreux.


Montagnes sauvages et arides entre lesquelles dévale une rivière et son long chapelet d’oasis verdoyant, où se nichent de rares villages étirés.

Maisons faites de la terre du lieu, entourées de vergers et jardins.

Des tombeaux et monuments funéraires d'un esthétisme raffiné dominent ces vastes espaces désertiques. Les nomades se sont aussi fait paysans, bâtisseurs, enseignants, commerçants.


Même si nous parvenons à braver les kms de piste, l’horizon, les montagnes, nous demeurons fragiles, vulnérables. Dans cette géographie de la désolation, nous sommes constamment à portée de tir du soleil ou des orages! Alors nous répondons souvent aux invitations. Ici on ouvre généreusement sa porte aux étrangers de passage !


Les kyrguizes sont des gens simples, sans détours et hospitaliers.

A l’heure du thé, nous partageons des victuailles, on étale confitures, beurre, bonbons pains et biscuits sur une table basse autour de laquelle un tapis nous invite à s’accroupir.

Leur maison est un peu comme leur yourte, chaussures déposées à l’entrée, tapis de feutre au sol, coffres en bois surmontés d’un tas de matelas soyeux. Si le thé s’étale en longueur, nous posons parfois aussi notre tente pour la nuit à proximité de la maison.


Dans ces villages éparses, impossible de nous soustraire à la curiosité publique. Nous croisons des écoliers costumés qui nous saluent, des hommes d’âge avancé souriants, toujours surmontés de leur Kalpak (chapeau de feutre traditionnel), qui nous lancent un Salaam chaleureux. Le cheval devant l’échoppe attend son maitre, sagement résigné, d’autres vaquent avec les ânes en liberté. Des petites Lada garnies de leur famille nombreuse klaxonnent de joie. Plus loin, voilà un jeune cowboy, menant son troupeau du haut de son cheval, absorbé par son smartphone, tandis que les moutons hésitent entre nous barrer le passage par la gauche ou par la droite...




131 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page