Nous quittons à nouveau la Paz pour notre seconde destination sur l’Altiplano : Le Volcan Sajama, sommet de la Bolivie (6500m). Avec l’aide de notre cher musicien et colocataire Guillermo nous trouvons à El Alto le minibus qui nous conduit à Patacamaya, carrefour au milieu du désert, point de départ de notre aventure en vélo sur la route 4 qui mène vers le Chili à l’ouest du pays.
Une bonne nuit dans un motel quelque peu crasseux, des provisions calculées au mieux, puis c’est le « Le Grand Dehors ». Nous sommes là, seuls devant l’horizon lointain où déjà le Sajama dévoile sa cime à prés de 150 kms.
Visière sur les yeux vers ce monde nouveau, où peu d’hommes vivent, nous enchainons les kilomètres sur ce billard pendant deux jours, seuls en compagnie de gros camions (seuls autorisés à passer la frontière fermée cause covid) qui acheminent le pétrole depuis le Chili. Lignes droites à perte de vue, plaisir de sentir filer nos deux roues sur l’asphalte au moindre effort lorsque le vent nous pousse.
A 360 degrés, sol sec parsemé de touffes d’herbes drues, d’arbrisseaux et d’épineux. Rivières à sec, montagnes rougeâtres, canyons arides, puis en gagnant de l’altitude, vallées marécageuses où paissent à volonté lamas et alpagas par milliers.
Nous forons dans nos réserves pour lutter contre le vent, ou hisser nos vélos chargés par delà les collines.
Le soir, le vent se lève et le soleil enflamme le ciel, les nuages, les sommets, les cours d’eau. Difficile de décrire les images que cette nature imprime en nous, dans ces moments spéciaux où la lumière intense teinte le paysage.
Bivouac paisible au bord d’une rivière en compagnies d’ibis, oies sauvages, flamands ou rapaces. Bivouac tardif et hasardeux sur un plateau rocailleux et découvert, fouetté par un vent vif. Emerveillement des matins clairs et silencieux.
Nous bifurquons au 3e jour sur une piste effectuant le tour du volcan. Avançons avec confiance vers l’inconnu, sans savoir quel paysage, quel revêtement nous attend au détour du chemin, du pli de la colline, à quoi ressemblera le lieu de la prochaine halte.
Sauvage plaisir du désert silencieux. Ojsani n’est qu’un village fantôme où une pompe manuelle nous permet tout de même de faire le plein d’eau. Eglise ancienne et cimetière typique. Les seules âmes que nous croisons sont celles des vigognes sauvages, des perdrix qui courent prestement à notre approche.
Les lamas ainsi que leurs petits cousins alpagas, élevés pour leur laine et leur viande, sont occupés tout le jour à paitre une maigre pitance sur des tapis de mousse asséchés. Ils sont attendrissant et affichent des airs curieux à notre approche, tout en restant distants de quelques mètres.
Nous continuons d’en découdre avec ces pistes cahoteuses. Si parfois nous ressentons le plaisir d’un sol de sable dur crépitant sous nos roues, il faut souvent pédaler d’arrache pied, rester vigilant et slalomer entre les cailloux saillants ou mobiles, éviter les fausses routes, les segments ensablés, les secousses des « tôles ondulées », anticiper le meilleur sillon pour ménager nos montures surchargées et fragiles.
Ces chemins précaires procurent toutefois leur lot d’imagination et d’aventures.
Arpentant lentement ces pistes, l’attention rivée sur l’instant, le bruissement du vent dans les herbes, le regard du faucon ou de la chouette perchés sur un câble, on peut faire l’étrange expérience intérieure de faire partie du tout, de se sentir appartenir à la famille du vivant, à participer à la grande farandole de la vie.
L’effort associé à la contemplation du paysage emplissent ainsi le corps d’une dose de félicité.
Confort d’un gite et couvert improbable à Tomarapi, alors que le ciel gronde et la pluie menace. Au matin, nous restons ébahis devant le volcan revêtu d’un manteau de neige. L’eau tombée la nuit rafraichit la végétation, révèle (à certains) ses odeurs. Plus avant une lagune que nous approchons à pas feutrés pour observer les oiseaux.
Si nous sommes ici loin des tracas du monde, nous en constatons toutefois directement leurs conséquences.
La gestion de la crise sanitaire laisse ces quelques villages reculés, pourtant exempt du virus, exsangues. C’est le cas du village de Sajama. La plupart des gens, vivant du tourisme, ont rejoint la capitale où l’économie se concentre. Seuls les familles d’éleveurs demeurent là. Nous avons peine à débusquer une maigre échoppe, une chambre où dormir. Les écoliers, qui se comptent sur les doigts d’une main, n’ont pas eu classe depuis prés d’un an et regardent des séries à la télé !
Nous allons admirer les trésors naturels à proximité (relative) du village : Forêt de Quenuas poussant à des altitudes record ; Geysers : fumeroles et eaux bouillonnantes sur fond de monts enneigés, Aguas thermales: bain chaud au grand air frais dans le lit d’un ruisseau, sous le regard des alpagas.
Si nous aimons la lenteur du déplacement en vélos, nous souhaitons aussi rencontrer, rafler différentes expériences, aussi embarquons nous nos montures dans un camion pour notre conduire là où nos excitations nous tendent : à la ville d’Oruro pour Noêl puis vers le désert de sel d’Uyuni.
super chouette! en direct de notre canap' , on est admiratifs de vos aventures et des photos, une belle expo en perspective ! ... une par jour en fait !
Manel aime les paysages! faites des bisous aux lamas de la part de Mathilde, les grands espaces me tendent les bras, on vous embrasse!
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