Toujours résolus de profiter de cette année de liberté pour découvrir des merveilles du monde, le temps est venu pour nous de reprendre le large, suite à ces 3 semaines de moments riches en famille. Errants pas tout à fait libres de toute entrave cependant,… cloués au port, il va nous falloir une fois de plus naviguer dans les méandres administratives mondiales liées à la gestion de la crise sanitaire, composant avec ce jeu de l’oie.
La France est confinée mais nous tâchons de rester cependant maitres à bord de notre voyage, décidant de nos actes, de nos souhaits. Humer le vent de la liberté à la proue du navire, sentir d’où il provient, puis larguer les amarres vers un nouveau cap, propice à la surprise.
On part, on revient, on repart, vers d’autres horizons inconnus et inattendus. Ainsi La Tanzanie et le Brésil nous ont offerts des trésors de découvertes et de rencontres.
A présent des comptoirs demeurent fermés (Malaisie, Japon, Russie), d’autres sont accessibles (Colombie Equateur Bolivie).
Nous choisissons de reprendre le chemin de l’Amérique du sud, en passant par Sao Paolo où nous étions 3 semaines plus tôt.
Nous bravons l’interdiction de voyager, et passons sans encombre le filtre policier à l’entrée d’Orly. Après deux journées de voyage, repassant par Sao Paolo en transit, nous arrivons à La Paz à 10 (heures du soir). Tour de Paz Paz, La Paz de 2 , impair et Paz !
Cristian nous conduit à la casa des ciclistas qu’il gère depuis de nombreuses années. Ce lieu est plus qu’un toit, une cuisine et une douche : un vrai lieu de rencontres et d’échanges entre cyclotouristes.
Nous y partageons ainsi pour une semaine le quotidien de Cristian, Marisol et leur fils Rafael, ainsi que Guillermo, jeune réfugié vénézuelien, dont la vie est une incroyable aventure quotidienne. Courageux, confiant jovial , il gagne sa vie en animant les rues de son talent de musicien qu’il n’hésite pas à partager avec nous en live à la maison. Moments magiques.
Bienvenidos en La Paz donc, ville de contrastes et d’extrêmes!
Des remontées mécaniques survolent cette capitale, la plus haute du monde avec ses 4000m, comme une station de ski. Nous nous acquittons ainsi de trois bolivianos (30cE) chacun pour un long tour de manège. Le paysage est à couper le souffle. Nous restons bouche bée devant cette immense cité surréaliste, agrippée aux nuages, nichée dans une vallée aride, surplombée au nord comme au sud par les sommets andins dépassant 6000m ; A l’ouest s’étendent les grands espaces de l’Altiplano, de quoi prendre le pouls de nos prochaines aventures. Chaos urbain bariolé, bruyant et mouvementé. Maisons de brique et de broc rongeant les abrupts flancs montagneux. Bâtisses de style colonial perdues au milieu de buildings disgracieux.
Ce téléphérique hyper moderne monte vers les bas quartiers, où les routes sont encore en terre battue et les habitations de brique et de tôles un peu crasseuses s’accrochent aux falaises friables. Contrastes…!
Nous nous joignons un matin à des étudiants pour la visite du quartier Chua Uma , haut en couleur celui ci. Fresques colorées offertes par la ville à un de ces hauts quartiers pauvres.
Nous rentrons ensuite dans un des plus grands cimetières au monde, légal, et survolons un autre illégal où les gens pénètrent la nuit pour y enterrer leurs morts !
Les cabines colorées nous permettent aussi de rejoindre le marché d’El Alto, le plus grand d’Amérique du Sud, et le plus haut au monde, où nous trouvons en quelques heures nos 4 vélos, que je passerai plusieurs jours à régler et équiper dans l’atelier mis à disposition par Cristian qui me transmet un peu de son expertise.
A cette altitude le pouls s’affole au moindre effort, ainsi monter quelques marches, ou mieux, prêter main forte à un commerçant pour tirer son chariot de légumes, sa bouteille de gaz, nécessite de reprendre à dix fois son souffle après l’effort. Nous mâchons un peu de coca pour nous acclimater.
Nos ballades nous mènent aussi tranquillement dans le centre touristique de la ville. Les boutiques d’artisanat et les agences de tourisme attendent patiemment le client, inexistant cause de pandémie. Une parmi les originalités : le mercado de las brujas, ou marché aux sorcières. On entre ici dans le domaine de l’étrange, de la superstition et du chamanisme : Potions miracle, amulettes, extraits de jenesaisquoi, poudres de perlimpinpin, pour solutionner un problème, un souhait, une infection, un amour perdu, une panne sexuelle…
Des dizaines de jeunes lamas empaillés, ou fœtus de lamas pendent macabrement là à des crochets au-dessus de nos têtes ! La coutume veut que chaque famille enterre un fœtus de lama dans les fondations de toute nouvelle construction pour que la déesse de la terre mère Pachamama donne sa bénédiction et assure la protection de l’habitat et de ses futurs occupants.
On déambule ensuite au gré d’autres marchés qui déversent leurs marchandises dans les rues.
Dans cette mégalopole immense, des femmes en tenues traditionnelles avec robes multicolores, châle en alpaga, tresses brunes reliées par des pompons en laine, chapeaux melon et bottes de cuir (euh chaussettes de laine) , vendent à même le sol trois citrons, quelques cacahuètes, ou des pains au fromage, qu’elles emballeront au soir dans leur tissu coloré hissé sur leur dos. Crève cœur de voir aussi de nombreux enfants effectuer ces petits commerces de survie, vendant des bonbons ou cirant des chaussures.
De vieux camions Dodge bariolés de vert bleu ou jaune conduisent dans un canyon digne de l’ouest américain en pleine ville !
Nous débarquons ainsi à l’autre bout de la ville à la Valle de la Luna. Ici, l’érosion due à la pluie, au vent et au temps a creusé et façonné des cheminées de fée dans les montagnes qui ne sont pas sans rappeler les canyons américains. Ces montagnes d’argile et de calcaire nous offrent des nuances de blanc, rouge, vert, beige, d’un esthétisme digne de la lune ; d’où son petit nom...
Pour ce qui est de la faune, on attendra un peu. Ici la biodiversité se résume au genre canin. Un nombre pléthorique de chiens qui se querellent à tous les coins de rues, parés de vêtements amusants pour certains. Enfin il paraît qu’ils sont vaccinés contre la rage, dixit le centre de santé qui nous conseille seulement le vaccin contre la fièvre jaune, que nous faisons à la grande joie des garçons…
Le Week End, nous rejoignons Cristian et Marisol dans leur maison à la campagne. Le terrain est grand et bénéficie d’une vue splendide, aussi le prêtent ils à un groupe de jeunes endimanchés des beaux quartiers sud pour une fête BCBG du samedi soir, avec fauteuils blancs de location, DJ, glaçons en sac et cocktails alcoolisés à gogo. A quelques mètres, au milieu d’un fatras amusant les enfants tapent dans un ballon dégonflé, nous suspendons un éclairage aux arbres puis dégustons sur des tables bancales un repas traditionnel exquis (la Watia : viandes, légumes et desserts cuits en terre à l’étouffée) dans une ambiance plutôt Kusturicienne.
Cristian est un personnage excentrique, le cœur sur la main, minutieux au milieu d’un bordel incroyable tant il empile d’objets autour de lui. « El Accumulador ! » es nuestro nuevo amigo.
Demain sera une autre aventure, nous partons en vélo, chargés, sur l’Altiplano partagés entre l’excitation et l’inconnu d’une telle entreprise…
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