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Opération "Plastic cleaning" à Kigoma

Dernière mise à jour : 28 mars 2021


A notre arrivée à Kigoma, la foret sauvage du camping de Jacobsen nous offre un isolement total ( nous sommes seuls) et idéal pour le repos et l’observation des animaux :singes vervets ( rois de la chaparde) , zèbres en liberté, gros varans (craintifs sur terre, mais peu rassurant lorsqu’on les voit nager dans l’eau) , ainsi que de beaux vautours percnoptères.


Nous contactons ensuite le responsable local des scouts, afin de mieux prendre pied dans la vie locale. Si la nature et la qualité des rencontres ne sont jamais prévisibles, nous réalisons rapidement que celle de David Balthazar va nous ancrer pour quelques temps ici.

Notre idée de sensibiliser la population au nettoyage et à la collecte des plastiques le séduit instantanément. Il comprends que notre présence et notre détermination peut aider à faire de cette action un succès. En quelques minutes il voit déjà le projet : deux soirs de ramassage de déchets sur les plages prés de Kigoma, appuyés par un spot dans la TV locale online ( voir video réalisée par le journaliste , https://youtu.be/ZCRho3uhqjU où nous sommes interviewes a la fin) ), puis un WE avec une trentaine de scouts, dédié à cette thématique dans un village reculé, au nord prés de la frontière burundaise.

Nous voici embarqués pour une belle aventure! Achats de râteaux, de sacs, ballades joyeuses en quête du moindre bout de plastique dans les fossés (qui convoient ces déchets au lac à la première averse), explications sur ses méfaits à moyen/long terme sur la pollution du lac, sur le tri et la valeur des bouteilles plastiques ( 300 shillings soit 13 cE/kg). A noter que la Tanzanie a déjà banni l’usage des sacs plastiques mais nous trouvons tout de même toutes sortes d’emballages de cette matière.


Pour le week end, nous affrétons un bateau, chargé de 30 scouts excités par cette aventure inédite, de 10 râteaux, un gros sac de riz et quelques épices. Après 30 minutes de tentative de sortie du port il faut se rendre à l’évidence, le moteur de tondeuse choisi par le chauffeur ne nous mènera nul part, demi tour donc , et en 15 min à peine un gros moteur arrive sur le porte bagage d’une moto, et nous voila repartis, à l’heure où la lumière est déjà chaude, dans la liesse générale(jeux , chants), couvrant les vomissures de certains , l'ecopage, révélateur de fuite a surveiller.


Un peu plus tard nous observons tous dans un silence contemplatif ce spectacle quotidien voyant l’astre descendre, rougeoyer, refléter sa palette unique de bleus, violets, oranges, roses, sur le vaste miroir d’eau douce, et enfin se noyer dans les brumes des montagnes congolaises, sans jamais toucher l’horizon du lac!


La nuit tombe alors comme un couperet, laissant chacun dans ses pensées. Nous glissons sur cette surface laiteuse et immobile. A tribord, pans de montagnes en feu surplombant des villages aux lueurs vacillantes, barques de pêcheurs lucioles à bâbord. Plus tard encore : la lune et son reflet pour seuls phares.


A une heure avancée de la nuit, nous débarquons à l’aveugle au milieu de nulle part, éclairons de 4 frontales notre sentinelle crapahutant sur un talus abrupte, puis installons notre tente dans une salle de classe, miracle de planéitude que nous partagerons avec les scouts. Kubibu sana, Bienvenue à Zache !


Les scouts locaux ont du couper un arbre entier ainsi un grand feu nous attends, c’est l’heure des présentations formelle et des retrouvailles, des danses et des chants, toujours si conviviaux. Les enfants dorment déjà, nous tombons aussi de sommeil et demandons poliment congés sans partager ce repas ci, bien trop nocturne pour nous…

Au chant des coqs ( ces bêtes, au contraire des moustiques, laissent à penser que « détester gentiment » est possible) , il est l’heure d’un coup d’eau du lac sur la figure avant quelques foulées, pompes , chants et danses matinales pour se mettre en jambes. Militaires pacifiques et rigolards, oui c’est possible ! 1 gobelet de thé sucré au gingembre ainsi qu’une patate douce pour chacun des 100 scouts que nous sommes alors, et nous voilà partis sans trop le savoir pour une complète journée de marche .


Au fil du ratissage des déchets le long de la rive, nous rameutons plusieurs dizaines d’enfants amusés et rapidement acquis à cette cause, que les scouts tachent d’expliquer à leurs parents.

Les habitants sont si nombreux qu’une heure de travail collectif suffirait à ramasser les déchets, mais nous avons le sentiment que la graine semée méritera d’être arrosée..

De nombreux désœuvrés, rapprochant leurs fesses du tronc des cocotiers à mesure que le soleil raréfie l’ombre, pourraient trouver là une activité honorable, voire rémunérée. Mon sentiment est qu’une armadas de petits (dogos) auraient plus tôt fait de faire place nette, avant d’en rapporter gaiement a leurs mamans trop occupées pour ajouter cette tache là à leurs fardeau quotidien.

Bien sur la population vit chichement et nettoyer leur espace peut paraitre comme le cadet de leurs préoccupations, mais tous ont apprécié l’action et pu voir son résultat. Nous espérons que ces enfants, qui n’avaient jamais vu de Muzungus (blancs) garderons le souvenir de ces moments partagés dans la bonne humeur et prendront le relai…

Le lendemain, sur tableau noir nous partageons nos apprentissages sur la biodiversité locale, un cours de géographie ainsi que de français aux scouts et aux élèves de l’école.


Le bateau nous ramène ensuite sous un soleil qui assomme la moitié de l’équipage, et maintient l’autre suffisamment éveillée pour scruter la végétation dene à l’affut des animaux du parc de Gombe ( macaques, colobes, à défaut de chimpanzés).

Le temps des au revoir avec ces jeunes scouts est émouvant. Bien sur nous sommes conscients de notre condition de voyageurs chanceux, d’étrangers de passage, mais vivre avec intégrité, curiosité et générosité tous ces moments partagés( chants, efforts, nuits, déplacement, repas) a créé un respect mutuel. Nous gardons en mémoire ces regards souriants, les salutations prolongées, les remerciements formels (nous nous sommes vus discerner de vrais diplômes :=) ), nous sommes heureux de penser que cette rencontre laissera une trace positive dans leur esprit.


Cette halte à Kigoma, temps suspendu pour quelques 2 semaines nous aura beaucoup appris.

Comprendre, et l’éprouver pour un peu, le mode de vie des gens qui donnent la saveur à cette région, au delà d’en admirer simplement les beautés naturelles ( qui ne sont bien souvent que le décor de leur labeur) a donné pleine substance à notre séjour dans cette Tanzanie lointaine.

Aussi, nous avons à présent un nouvel ami, David Balthazar, ce grand jeune homme, orphelin éduqué sous l’aile des frères de la charité, aujourd’hui étudiant en leadership (qu’il exerce en maitre chez les scouts).Tout le temps passés ensemble nous a rapproché. Nos causeries nous menèrent de son histoire personnelle, à nos affaires amoureuses, la politique et la vie dans nos pays respectifs, la gestion de la crise du Covid et tant d’autres sujets.

Cette longue halte improvisée nous a enseigné que préférer l’étape au parcours, laisser apparaitre et se construire des relations ( que l’octroi de temps favorise ) sera une bonne manière de continuer à inventer notre voyage.





Interview vidéo sur la TV online Ayo TV



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