Visite de Mto wa Mbu
A Mto wa Mbu, nous visitons le village accompagnés d’Haroun, ainsi que Federica (argentine) et René (cubain) , couple de voyageurs avec lequel nous partageons de joyeux moments. Nous déambulons dans les cultures, très variées et abondantes compte tenu de la fertilité des sols et d'un système d'irrigation sophistiqué et controlé, desservant toutes les parcelles de la plaine. Près de 20 espèces de bananiers font la réputation du village : rouges, minuscules, immenses, sont presque toutes cueillies vertes et mûries sous plastique à la maison. Si les plants sont suffisamment espacés, les mêmes parcelles de bananiers peuvent servir à cultiver haricots ou patates douces. Autres avocats, tomates, oignons, riz, épinards, gombo et toutes sortes de choux poussent sur cette fertile terre noire. Nous découvrons de nouveaux fruits : corossols, cherimolier, également l’arbre servant à faire du henné, ou encore le neem pour traiter la malaria. La citronnelle, ingrédient principal du thé matinal protège les bananiers des maladies (sans doute aussi les hommes) ...
Nous déjeunons chez Sahune, qui nous prépare un buffet composé d’à peu prés tous les plats traditionnels locaux : inoubliable et copieuse dégustation. Aubergines en sauce, bananes frites, chapatis, riz blanc ou pilau, pilipili, ugali, haricots, épinards, soupe magique avec du gombo de la viande et des tomates amères.
Les cultivateurs, récemment venus travailler la terre fertile de ce village, représentent une centaine d'ethnies de toute la Tanzanie. Les mariages inter-ethniques, autorisés par le fondateur de la république, le président Nyerere, de même que l'instauration d'une langue commune ( le swahili) facilitent l’entente harmonieuse que l’on peut ressentir. Les familles s’organisent autour de leur ferme et construisent de nouvelles habitations au fur et à mesure de leurs moyens (s’étalant souvent sur des années).Ils enterrent leurs ancêtres sur ce même terrain. Seuls laissés pour compte dans l’harmonie générale, les Masaïs qui, selon la saison, ont du mal à trouver des prés suffisamment enherbés pour leur bétail. Les conflits ancestraux entre ces nomades et les paysans sédentaires sont toutefois moins acerbés qu'auparavant.
Visite chez les masai
En fin d’après midi, nous rejoignons en vélo un village Masai, accompagnés encore d’Haroun. Curieuse rencontre avec ce peuple à part, partagé entre traditions et modernité. Depuis la piste, le village ressemble à une haie d’épineux. Nous pénétrons ensuite dans cette manyata, petit hameau familial composé de 8 ou 9 cases, et d’une enceinte centrale en branches d'acacia coupée en deux pour protéger le petit du grand bétail. Nous avons l’honneur de pénétrer dans une de leurs maisons, petite case ronde coiffée de feuilles de bananiers, joliment construite et façonnée en terre mêlée de bouse, par les femmes. A l’intérieur, pénombre, parois noircies de fumée, quasiment rien ! Deux petites niches , l’une pour 6 enfants, l’autre on ne sait pas. Il faut dire que les hommes ont jusqu’à 7 femmes, difficile de deviner qui dort avec qui..
Société patriarcale. Hommes de bétail, leur seul bien, qu’ils accompagnent du matin au soir dans la brousse noyée de soleil, vêtus d’un seul drap jeté sur l'épaule, de sandales en pneus et de leur bâton. A 35 ans ils sont en retraite et laissent la place aux jeunes.
Les femmes, comme dans tant d’endroit dans le monde, gèrent généralement toutes les tâches familiales. Cuisine , linge, enfants, eau, traite des bêtes remplissent leurs jours avant le lever et après le coucher du soleil. Elles trouvent encore le temps de confectionner des bijoux en métal et perles qu’elles vendent aux boutiques du plus proche village, ou parfois aux touristes dans les stations de bus.
Les familles alentours nous rejoignent, parées de leurs plus beaux atours, soit ceux qu’ils portent habituellement, et entament une danse traditionnelle, ronde sauvage, saccadés, piétinée, désarticulée, cous élancés, sourires et grognements.
S’ensuit un simulacre de cérémonie au cours de laquelle les jeunes hommes (moranes) finissent leur vie de guerrier vers les 15 ans, et choisissent pour épouse une jeune femme souvent de 5 ans leur cadette. Les hommes produisent des grogrements rauques, suivis d’impulsions à la verticale accompagnée de cris stridents.
Les femmes s’accroupissent devant eux, le plus bas possible, et émettent des cris aigus, avant de rejoindre la communauté des femmes dans le cercle.
Les enfants portent des signes de brulures sur les joues, pour faire beau. Certain-e-s ont le lobe de l’oreille aplati, perforé d’un large cercle permettant d’insérer leurs imposants bijoux.
Les masais se mêlent peu à peu aux autres ethnies (une centaine) vivant en Tanzanie. La dote exigée pour marier une femme masai est toutefois très élevée (plusieurs vaches), ainsi ce sont plutôt des hommes masais qui épousent des femmes d’autres tribus.
Les masais sont respectés pour leur courage, leur résistance, leur fier dénuement. Leurs grands troupeaux leur confèrent une vraie richesse, mais ils préfèrent vivre chichement selon leur tradition.
Il n’est pas rare de voir des masais dans une voiture ou sur une moto, mais ils sont toujours parés de leur seul drap écossais.
Leurs aïeux, guerriers redoutés par toutes les ethnies de l’Ethiopie au Mozambique, réputés pour leur bravoure à provoquer les lions à l’arme blanche, avait pour seule nourriture le matin le sang, tiré de la jugulaire du bétail, le soir le lait !
En voyant leurs descendants un smartphone collé sur l’oreille sur leur moto, se diraient ils que « les dieux sont tombés sur la tête ? ou bien, on peut le penser, seraient ils satisfaits de leur insoumission, de la fierté avec laquelle ils continuent de porter ce « titre » et leur tradition masai.
Majestueux Kilimandjaro
Le dernier matin où nous nous apprêtons à quitter Moshi, le toit de l’Afrique nous fait l’honneur de sortir des nuages. Ainsi depuis la terrasse de la pension YMCA où nous nous reposons depuis plusieurs jours en scrutant le ciel encombré, quasi résignés, l’ imposant et majestueux Kilimandjaro, volcan surplombant de 5000m la vaste plaine africaine, nous dévoile ses fameuses neiges qui n’auront bientôt plus d’éternel que leur souvenir !
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