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  • biodivercyclos

Echappée belle ... au Brésil

Dernière mise à jour : 17 nov. 2020


L'ascenseur à émotions (+)(-)


Le voyage vous fait et vous défait, affirmait Bouvier…


27 Oct. (+) Après 2 semaines ressourçantes avec nos familles, (-) le moment des « au revoir » est empli d’émotions et d’incertitudes. (+) Nous repartons, pour la Colombie, (-) sans savoir quand nous nous reverrons. (-) Le train pour Paris affiche 10 minutes de retard, suffisamment pour nous faire courir à l’arrivée et (+) gagner l’appartement de Charles juste à temps pour le couvre feu (21h02)


28 Oct. (+) Nous cliquons dès le matin sur nos résultats Covid, et bien que ne présentant d’autres symptômes que la confiance, nous nous congratulons gaiement d’être tous les 4 négatifs. Nous prenons l’occasion de cette dernière journée en France pour visiter le Louvre, nous perdre en long en large en haut et en bas dans ce fabuleux labyrinthe empli de trésors de finesse, nous émouvant de ce que l’homme a su créer de plus beau. (+) Au soir nous dinons japonais avec Charles Aurélia et Stéphane, (-) sur deux tables distantes attendu que 7 dépasse 6 jusqu’à nouvel ordre. Ce dernier ne tarde pas, nous apprenons que dans 24h toute la France devra se confiner. (-) nous prenons congés à 20h30 sonnante , 30 minutes nous séparant de nos logis respectifs.


29 Oct. (+) Au petit matin , nous prenons le chemin de l’aéroport Charles de Gaulle, partagés entre l’excitation de poursuivre notre voyage libres de nos actes, par chance d’avoir réservé il y a quelques semaines notre départ ce jour ci et non le suivant, (-) et la tristesse de laisser nos familles, amis et compatriotes à ce triste sort de devoir s’enfermer à la maison, luttant courageusement pour certains contre de graves maladies.


(-) Au guichet d’enregistrement, contre toute attente nous ne figurons pas dans les tablettes, la seconde partie de trajet (Frankfurt/Bogota) a été annulée sans précision autre par la compagnie des airs allemande. Inquiétude, jeu du sort, aucune autre solution ne peut nous être proposée pour rejoindre dés ce jour la Colombie.

(-) Balladins du monde occidental, en quête de surprises, d’imprévus, nous sommes servis. Nous nous en remettons à la poésie du terminal de l’aéroport et ses tableaux d’affichages des prochains départs. Nous irions bien « n’importe où » puisque la destination n’est pas l’essentiel dans un voyage, mais le vaste orient est fermé, et avec l’hiver en point de mire nous rêvons de contrées plus douces que l’Europe ou la Turquie.

(+) Ne nous démontant aucunement, nous pénétrons dans le monde virtuel par une clé wifi, une fenêtre ouverte sur la carte planétaire covid vert/orange/rouge, une autre sur un site de vente de billets. 3 possibilités pour partir dés ce jour : Mexico, Bali, Sao Paolo. Les dés sont jetés nous partirons au Brésil 3 heures plus tard. (-) Au moment de valider le paiement l’application bancaire bug et nous devons nous y prendre à 2 fois, puis ça passe, ouf…

(-) A la case Enregistrement des bagages, 300 euros de coût nous sont exigés pour ces derniers…rhh pas le choix que de payer sinon retour à la case « confinement »…(+) mais notre fortune ne nous quitte pas en si bon chemin, leur terminal de paiement dysfonctionne. Patience, avant de nous entendre dire gentiment « bon aujourd’hui c’est gratuit, voici vos cartes d’embarquement ». Euhh ben merci bien, vous êtes surs.. ?

(-) Nous informons nos amis et scouts colombiens, prêts à nous accueillir, que nous ne pourrons malheureusement venir visiter leur pays pour l’instant. Nous décollons peu de temps après pour Londres. Dans un avion quasi vide. A peine le temps d’atteindre son altitude maximale (+) que l’avion redescend déjà sur l’Angleterre (-). 5h d’attente à Heathrow glissent sur notre échine désormais rompue à la lente course du temps.

(-) A l’entrée du couloir qui mène à notre avion pour l’Amérique du sud, que nous pouvons voir à quelques mètres sur le tarmac, l’hôtesse note un problème sur notre dossier. Nous devrions disposer d’un justificatif de sortie du Brésil. Nous indiquons avec aplomb que nous comptons traverser par la route la frontière bolivienne dans un mois, et que nous ne pouvons donc « disposer de justificatifs ».

(+) Ahh, Boa Viajem! Elle nous fait signe d’avancer et de voir cela à notre arrivée avec les autorités brésiliennes. Il s’en fallut de peu que ce majestueux carrosse aérien juste devant nous ne se transforme en citrouille à la grimace d’Halloween avant l’heure fatidique de minuit.

L’avion s’élance sur la longue piste de macadam, pointe son nez au firmament et s’ensuit alors une longue nuit de 11 heures dans les airs, masques sur la bouche sur le nez sur les yeux, sommeil précaire. (+) Reconnaissance faciale à l’arrivée au Brésil mais aucun test de température, ni justificatif de quoi que ce soit, douane totalement transparente.


30 Oct (+) Nous patientons que le jour se lève, nous connectons au wifi et apprenons que nous sommes bienvenus dés aujourd’hui chez Camila et Danilo, adorable couple d’hôtes Warmshowers à qui nous avions envoyé un message la veille depuis Paris. Nous traversons en 2h de train une partie de l’agglomération de Sao Paulo et ses 26 millions d’habitants.

(+) Danilo nous rejoint à la gare. Sa joie de nous accueillir est égale à la notre, c’est peu dire. (-) La voiture chargée à bloc s’élance dans les grandes pentes de la ville, puis patine dangereusement dans les montées abruptes. Elle serpente ensuite dans les méandres de la forêt dense et sauvage (mata atlantica). Au bout d’un chemin inondé, face à l’océan, la voiture stoppe devant une somptueuse demeure. Un jardin à la végétation luxuriante, des mangues tombées au sol prés d’une belle piscine, une chambre confortable et un repas déjà préparé par Camila tout sourire. Nos cadeaux culinaires initialement destinés à des amis de Bogota sont appréciés avec enthousiasme. Nous nous sentons tous à l’aise, dehors la pluie battante, annoncée pour quelques jours encore, ne saurait ternir notre bonheur.


31 Oct - 6 amis nous rejoignent avec deux enfants pour un beau week end de fête, nous cuisinons, buvons de la caipirinha puis partageons de délicieux repas et moments de rigolade sur la même table, attendu qu’ici 14 est supérieur à 6 jusqu’à nouvel ordre.

Un ptit coin d’Parati…


Sous un coin d’parapluie, nous profitons du spectacle de la plage brésilienne à Bertioga. Ambiance familiale lors du long week end du 1er novembre. Parmi les insolites, des pompes à sable pour mieux fixer les parasols dans le sol, des boutiques à roulette poussées par le marchand au gré des sollicitations, de méga enceintes connectées à des batteries de voiture pour donner de l’ambiance. Contraste également saisissant avec la Tanzanie, où les femmes se baignaient couvertes de la tête aux pieds. Ici la pudeur n’est d’aucune rigueur, des ficelles plus ou moins visibles fendent les fesses des dames, bien en vue. Hommes comme femme arborent quasiment tous de larges tatouages. Cachoro quente (chien chaud ou hot dog), (milho verde) maïs vert avec du beurre, cocktails de caipirinha, caldo de cana (jus de canne à sucre) , bières fraiches régalent les gourmands estivans.


Après quelques jours, et avant que les ciels gris, le confort de notre lieu de résidence, les copieux repas, ne nous plongent de trop dans la somnolence, nous reprenons la route, en une succession de bus locaux semblables à notre C2 grenoblois qui nous mène quotidiennement au travail, quittant ainsi Bertioga en direction du Nord.

Au travers des vitres de cet engin familier, d’autres décors : nous traversons des villes étrangères, grimpons d’abruptes forêts exotiques, longeons de longues baies aux plages de sable doré. Dans les villes, de nombreux bâtiments dédiés aux cultes chrétiens de toutes tendances ( apostolico, evangelico, catolico…), sans fioritures particulières autre qu’une enseigne voyante à leur effigie, voisin d’un magasin de jantes de voiture, un restaurant ou un supermarché placardé de ses promotions du jour.


En fin de journée nous atteignons un de ces lieux d’invitation au voyage, où comme l’imageait Baudelaire « là tout ne paraît qu’ordre et beauté, luxe calme et volupté ».

Au fond d’une baie saupoudrée d’ilots, cintrée de collines de forêt dense plongeant dans l’océan atlantique, siège cette cité historique de Paraty, ses maisons colorées et ses ruelles ordonnées héritées d’une riche histoire coloniale. Les ruelles pavées sont parallèles à la mer, et sous son niveau maximal, pour mieux diffuser sa brise et laisser la marée les nettoyer. L’or blanc (le sucre de canne), jaune (l’or), noir ( le café), ont transité durant des siècles par ce comptoir portugais et plus généralement européen. La ville vit essentiellement du tourisme à présent, riche de son histoire et son écrin de nature.

Sous ces gais tropiques cependant pas d'angélisme, des millions d’esclaves africains ont aussi transité par cet endroit. Les geôles, où les plus décharnés suite aux lointains et périlleux voyages en mer étaient gavés pour améliorer leur valeur marchande, sont aujourd’hui de jolis restaurants où les touristes souriants et ventrus se rendent en calèche, aux sons mêlés de samba et de sabots battant les pavés. Maisons blanches, fenêtres à carreaux par devant des volets en bois colorés de bleu violet vert jaune rouge éclatant même sans soleil. Cette ventrée de couleurs se poursuit jusqu’au port où les bateaux de pêche et de tourisme rivalisent de beauté. L’originalité tient aux nombreux navires roses, sur l’influence de celui du premier préfet « gay » de la région.

Nous nous joignons à un pêcheur, pour une escapade en mer en quête d’informations et de découvertes naturelles. Il ne nous promet rien, mais pense que sur des iles nous pourrions peut être observer un des derniers représentants d’une de ces innombrables espèces prêtes à s’éteindre. Il met le cap vers un petit ilot. Impossible d’accoster tant la végétation est dense. L’ancre est jetée à quelques mètres d’un rocher. Quelques sifflements puis les branchent s’agitent, des cris retentissent, les voici!

Apparaissent un deux puis trois petits tamarins lion à crinière doré, ainsi que leurs amis macaques Sagui (ouistitis gris), et un mini quadripède inconnu de la famille des antilopes. Emotions et attendrissement devant ce trésor de vie reclus du monde. A Parati des gens mangent des glaces et palabrent au sujet des stars ou des grands de ce monde. Ici quelques bestioles courent dans les fourrés, grognent, dégustent des baies, cela est d’un profond réconfort même si cette diversité de vie sur notre précieuse planète paraît bien déséquilibrée.

Plus loin, une tortue de mer point également sa tête pour inspirer.

De retour dans le village, gonflés par ces moments uniques, nous stockons des forces (pasteis, crepioca, acarajé, acai) en vue d’entamer quelques jours de randonnées dans la jungle alentour.

Nous quittons le village plein d’êtres et de choses, et trouvons un grand plaisir dans la contemplation des éléments naturels. Nous marchons ainsi quelques jours dans cette forêt tropicale humide, campant sur des plages isolées. Santé corporelle, harmonie spirituelle, ou le contraire, nous envoyons de belles pensées à papi qui se bat contre sa maladie en France. Délices de verdure apaisante (bosquets de bambous, plantes grasses et lianes au crochet de grands ficus, mousses, fougères géantes..), pimentée de fleurs somptueuses (bec de perroquets, roses de porcelaine, lys,…), animée du vol de papillons ou de chants d’oiseaux perchés sur la canopée, difficiles à apercevoir. Jaillissement de ruisseaux, tumulte de cascades, vacarme des vagues. Baignades et campements sur les plages de Sono, des Antigos, de Punta Negra.

Sur cette dernière 80 familles isolées vivent de la pêche et du tourisme, proposant aux visiteurs des trajets en barques à moteurs, qu’ils garent sur la plage en s’élançant depuis la mer, surfant sur la bonne vague avant de lever l’hélice in extremis au contact du sable.

Nous retournons vers Bertioga, nous contentant de cette bouchée côtière de quelques 250 km, insignifiante au regard des 7500 que compte la côte brésilienne, nous rappelant que ce pays vaut 13 fois le notre par sa superficie et qu’une année entière ne suffirait pas à l’apprécier dans sa totalité. Un final avec mention : nous sommes pris en autostop (carona), à 4 chargés de sacs, masqués…cela valait bien une bouteille de cachaça en cadeau, que notre gentil chauffeur n’a pudiquement pas souhaité accepter…nous la dégusterons à sa santé.



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