Popayan, ville blanche
Ce dimanche, le centre de cette petite ville, parmi les plus importantes sur les plans économiques et culturels de Colombie, nous semble particulièrement vide, calme comme un village espagnol à l’heure de la sieste. Ville blanche dans un pays si coloré ?! Les habitants, agacés par une puce tropicale coriace que seule la chaux parvenait à mâter, ont fini par en badigeonner toute la ville…
Le lundi matin, l’activité repart de plus belle : les rideaux des commerces se lèvent, les grains de cafés sont moulus, les clochettes des vendeurs de rue résonnent...
Nous découvrons les spécialités délicieuses de ce département du Cauca, notamment le Sancocho ( soupe de poulet avec légumes et maïs), Pandebono (petits pains au fromage), Kumis (yahourt fermenté), associé parfois à une salade de fruit tropicaux (Salpicon de frutas con lulo, maracuya, et même fraise).
Le marché indigène de Silvia
Jour de marché à Silvia, village reculé de la cordillère centrale, que nous rejoignons cœur bien accroché dans un minibus (colectivo) fonçant dans les virages de montagne !
Les indigènes Misak, vêtements traditionnels sur le dos, descendent chaque mardi des villages de montagnes alentours pour vendre leur production ou simplement faire leurs emplettes. Les femmes portent un tissu de feutre bleu violet sur les épaules, les hommes le portent en jupe !
Chapeaux melon ou étranges dessous de plat en paille, se dépliant en couvre chef. Aux pieds, de bonnes grosses chaussures de randonnée.
Tout sourire (plus que la moyenne, pourtant déjà élevée dans le pays), ils ont des faciès plus andins, cheveux ébène comme une nuit sans lune, peau bien cuivrée par le soleil d’altitude. Nous flânons dans le village, nous asseyons sur la place principale à admirer leurs tenues, les regardons se saluer joyeusement, ou encore partager un peu d’eau de vie (Aguardiente : « eau ardente »). Les dames marchent un fuseau à la main, filant la laine.
Autour de la place attendent jeeps et vieux bus (chivas) décorés, paraissant bons pour la retraite, dans lesquels s’empilent pèle-mêle régimes de bananes, sacs de riz, patates, ananas, épis de maïs, meubles, sans oublier bien sûr leurs propriétaires.
Les mystérieuses figures de San Augustin
Nous effectuons la traversée de la cordillère centrale à proximité du Volcan Puracé. Au delà de 2500m, le paramo, plateau d'altitude semblable à une lande commune dans la cordillère des Andes, marque une limite entre forêt et hauts sommets.
Sur ces plateaux la végétation inhospitalière entrelace touffes d'herbes, petits arbres tordus et noueux, épiphytes, rosettes géantes (espetelia).
A San Augustin, d’étranges statues découvertes courant du 20e siècle, issues d’une civilisation précolombienne encore inconnue (à peu prés contemporaine de Jésus Christ) tapissent un site archéologique mystérieux, que nous rejoignons à cheval au milieu des plantations de café. Tombes, statues aux figures mi humaines mi animales, posées çà et là dans la montagne. Au bout d’un sentier boisé, nous débouchons sur le lit rocheux d’un ruisseau entièrement sculpté.
L’étonnant désert de Tatacoa
Nous remontons ensuite en direction de Neiva le long du fleuve Magdalena, et là
en el medio de la nada, comme on dit ici, paysage désertique irréel à quelques kilomètres d’une jungle tropicale. Au contraire de la jungle débordante de vie, foisonnante d’être et de végétaux en interactions difficiles à appréhender, les paysages désertiques stimulent notre capacité d’émerveillement. Couleurs et reliefs incroyables. Monticules plissés par l’érosion, palette d’ocres et de rouge, paysage parsemé de chèvres se délectant de cactus.
Tous dotés de profondes racines fixant la terre sableuse, certains cactus sont géants, certains nains , ces derniers portant de petites fleurs et des fruits semblables à de petits piments roses fluo plantés dans leur casque.
Lorsque les conquérants espagnols découvrirent le lieu après l’an 1500, il était si aride que nombre d’entre eux y sont morts de soif ou mordus par des serpents. On y trouve à présent une végétation plus importante due aux précipitations, parfois abondantes, qui l’érode à vitesse V. El Cambio climatico ici transforme irrémédiablement une zone aride en zone fertile, quand il assèche par ailleurs tant d’autres zones du globe.
Au fil de notre ballade avec Andrés, notre guide, nous découvrons avec grand émerveillement des fossiles d’animaux que la pluie de ces derniers jours a mis à découvert. Eh cela ne serait pas un fossile de carapace de tortue? Si Senor! Incréible, mas de un metro de larga !!
Deux nuits consécutives, nous n’aurons pas la chance d’ouvrir nos mirettes au travers du télescope situé au centre de ce désert pour observer la pureté du ciel. Plan contrecarré une fois de plus par d'obscurs cumulonimbus menaçants, prêts à ouvrir leur vannes au soir, et s’exécutant dans la nuit.
Dans le sud colombien, nos yeux ont pu assembler quelques fragments de la mosaïque géographique et culturelle exceptionnelle de ce pays, nous mettons cap à présent plus au nord.
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