Nous rejoignons une petite ferme de café qui est juste à coté de Santa Rosa de Cabal, dans la région du café. L’endroit est magnifique : au milieu de collines très vertes, une grande forêt de bambou, idéale pour jouer à cacher cache, des arbres à agrumes, avocats, papayes, bananiers et plantains, des fleurs exotiques, un petit ruisseau que les moutons enjambent tous les matins pour aller brouter au pieds des cafétiers, des potagers, des plants de cristophines qui courent partout. Il y a aussi des canards et des cannetons barbotant dans la grande mare près des potagers ; et des chiens et chats, plein d’oiseaux dont un couple de chiara, bleu vert jaune et noir, qui a élu domicile dans cet écrin de verdure et vient bequer sur les vitres de la maison.
Gabriel, le propriétaire de la finca, nous présente sa propriété appelée Minkalab. Minka signifie « travail collectif » en langage indigène. Une grande tente en guadua (bambou très solide), la « casa Madre » ou « Maloka » où ils font des évènements. Deux autres maisons, construites en guadua, en terre et paille sèche. Dans la grande maison vivent Katrina, Yaru (5 ans) Gabriel et Anouk (un mois). Et dans la petite, un ami à eux. Nous logeons dans une petite chambre entourée d’aboiements ou de piaillements, nous nous levons tôt pour aller au jardin semer des maïs ou enlever les chenilles des salades. Une fois ce travail fini, nous allons ramasser le café dans les pentes glissantes (parce qu’il pleuvait) c’était l’enfer ! Mais sinon, tout se passait à merveille quand le soleil rayonnait. Nous devions récolter tous les grains de café sauf les verts (noirs un peu sec, rouges rayonnants, jaunes rougissant, difficiles à décrocher des branches). Et je voudrais aussi vous dire que je plains les gens qui doivent récolter le café tous les jours, surtout s'il pleut. Nous avons aussi participé à fabriquer le toit d’une tente en bambou qui sert à protéger le potager des poules et de la pluie. Nous avons repeint les chaises et les tables de la grande Maloka en jaune.
Katrina est une excellente cuisinière, et nous prépare le café et les repas du midi : une soupe délicieuse, des pommes de terre sautées (ça faisait longtemps), des frites de bananes plantains, des galettes croquantes, accompagnés de bons jus naturels…miam. Durant les temps libres, nous buvons de bons chocolats chauds, nous jouons avec Yaru, ses jeux et ses chats. Nous jouons aux indiens (on a attaché papa au poteau central de la maison). Le chat Santo, notre peluche, aimait bien faire du yoga avec nous. Le soir, nous aimons nous retrouver dans leur chaleureuse maison, pour discuter autour d’une tisane en écoutant de la bonne musique.
Fabrication du café
La ferme, comme dans tout le pays, produit du café arabica adapté au climat aux pentes de la région. Un arbre de café vit environ 15 ans, et il est coupé 3 fois afin d’augmenter sa production. Les fruits du cafétier sont appelés cerises, et mettent ici environ 8 mois à murir et obtenir leur couleur rouge pourpre. Étant dans un paysage escarpé, pas de machine possible, chaque grain est récolté à la main. Pour ne pas avoir à repasser au même endroit trop souvent, nous récoltons tous les grains, jaunes pas encore mûrs, rouges, ou noirs et très secs. Seuls restent les verts pour une prochaine récolte.
Une machine permet de trier les bons grains (rouges) qui tombent au fond de l’eau, des grains de seconde qualité qui flottent à la surface.
Les rouges seront vendus pour l’exportation, les autres pour la consommation locale de café appelé « tinto ».
Le grain rouge, percé facilement, contient deux grains de café blancs enrobés d’une fine pellicule gluante et sucrée appelée « miel ».
Ces grains blancs avec leur miel sont mélangés à des microorganismes naturels qui consomment les sucres et permettent une fermentation qui dure environ 2 jours dans l’eau.
Ensuite, de façon traditionnelle, les grains sont séchés sur le toit exposé au soleil, et couvert d’une serre en plastique solide. Des machines sont aussi utilisées pour le séchage dans d’autres fermes.
Il sont vendus blancs à d’autres fermes qui possèdent une machine permettant de torréfier (cuire) les grains pour leur donner la couleur marron et leur saveur douce caractéristique de l'arabica.
Comments