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Aventures dans la jungle et la pampa...

Dernière mise à jour : 27 janv. 2021

Samaipata


Le refuge Jacha Inti recueille et soigne des animaux sauvages. De jeunes bénévoles donnent de leur temps pour gérer et faire de ce lieu familial un havre de nature. Cuisiner pour le groupe, acheter et préparer les aliments pour les animaux, recevoir les visiteurs, tenir la boutique, entretenir les chambres, construire ou adapter de nouveaux enclos, jardiner constituent les activités journalières.


Le soin porté à la qualité des aliments, jusqu’à la présentation de leurs plateaux, ne semble pas laisser les animaux insensibles. Ils se sentent aimés, et certains le rendent bien.

On n’ira bien sur pas chatouiller les moustaches du Chat Montes, qui malgré sa petite taille reste un félin redoutable, mais il est possible sans danger d’entrer au contact des Tejones, du pécari, et même des oiseaux.


Touki le toucan joue en serrant plus ou moins délicatement son bec sur nos bras. Sa beauté est saisissante : bec (et fine langue) orange plastique, oeil bleu vif, plumage noir, cou blanc. Les guacayamos, grands perroquets bavards bleu et or, sont moins soignés, et plus sournois. Ugo le loro, petit perroquet vert se sent seul au milieu de perruches indifférentes, alors il dit « Hola ! » aux passants. Les capucins hilarants imitent les gestes des visiteurs.

Accidents, capture ou maltraitance, ils ont subi des traumatismes et pour certains perdus des habitudes essentielles à la vie en liberté. Tous ne pourront être relâchés dans leur milieu naturel mais c’est un souhait affiché par le centre.


Une bande de saimïris (petits singes jaunes) en liberté anime le lieu par leurs sauts impressionnants d’arbres en arbre, et montent parfois sur les gens.



Parc National Amboro.


Amboro est un des endroits au monde, à la frontière entre monts et plaine tropicale où la biodiversité est la plus riche. Nous observerons toutefois essentiellement des végétaux dans la partie proche de Samaipata,


Michael Blendiger, notre guide, tient de ses origines allemandes un nom et une taille de 1m90 peu communs pour un Bolivien natif, hauteur qu’il assume au mieux sous le dense couvert végétal où nous progressons lentement. Grand silence et peu d’insectes, comme si ce dense milieu végétal pompait tout l’oxygène et la matière.


En gagnant de l’altitude, vers 2000m, l’air humide et doux des tropiques, chargé d’odeurs d’humus et de décomposition végétale, se rafraichit. Il prend des accents d’immortalité. Nous pénétrons dans un sanctuaire florissant de fougères d’espèces variées. Certaines ont 400 ans et atteignent dix mètres (gigante helechos). Leur tronc est étonnamment souple, et telles des palmiers, elle trônent sous les plus hauts arbres qui les protègent du soleil. D’autres semblent en plastique à les toucher. Après les traces de dinosaures à Sucre, on se sent là comme dans leur milieu naturel, encore inconnu des hommes. Comme si s’apprêtait à surgir un «vélo»ciraptor.


Nous atteignons une cime dans le brouillard total, puis le vent lève le voile et découvre un matelas dense de forêt primaire, où vivent ours à lunettes, jaguars, quetzals, paresseux que nous ne pourront voir, mais leur vie cachée ici à l’abri des hommes nous emplit de plaisir et confère au lieu son mystère, que laisse planer un faucon Caracara.


A Samaipata, nous sommes partagés entre l’envie de rester dans cet éden écologique à Jacha Inti, et celle de détacher une fois encore les amarres. Un jour, la météo offre une fenêtre de soleil alors l’essentiel est de partir, sans motif valable, et même si le programme est vague pour dévaler en vélo les derniers contreforts des Andes, en direction de la grand plaine vers Santa Cruz de la Sierra.


Durant cette fabuleuse journée, un monde tropical nous traverse et nous prête pour un temps ses chants d’oiseaux, ses couleurs de tous verts, ses monts arrondis, ses rivières. Sensation de plénitude affichée au miroir placé le long de la Grand route !





Dernières nouvelles du bourbier


Puis nous déchantons quelques jours. Inondations et pluies incessantes à Santa Cruz, Trinidad. Parc zoologique, musées fermés. Nuits courtes, en hall de gare ou dans la rue, sous des tôles inlassablement battues par la pluie.


S’ouvre à nous un monde nouveau : la pampa amazonienne en saison humide.


Bizutage grâce à la compagnie de bus Yungena.


Le bus passe d’abord quelques rivières sur un bac en bois, trainé dans le courant par une petite barque à moteur.

Comme si une physique des « catastrophes » s’enchainait devant nous, mais que nous évitions tout de même les épicentres faisant la une des spots TV.

Suite aux pluies exceptionnelles, la route devient vite une patinoire informe sans nom. Le petit robert nous dirait au mieux :

Bourbier : dépôt au fond d’une eau stagnante

Fondrière : Trou (souvent plein d'eau ou de boue), dans un chemin défoncé.


L’autobus, tel un paquebot sur 4 patins, ne peut faire mieux que se mettre bien en travers de la piste. Son penchant peu naturel nous fit vite quitter le navire de peur qu’il ne sombre dans le marécage à proximité.

Que faire ?

Insister à faire patiner les roues, et le bus, si son moteur ne rend l’âme avant, fait un quart de tour direct dans l’étang.

Nous allons sommer le chef chinois d’un groupe d’ouvriers, déjà débauchés, de nous dépêcher un tracteur. Il accepte devant notre attroupement de mamans inquiètes, gosses chialants, chiens couvert de boue, et même petits canards assoiffés dans les soutes.

Le bus avec le train arrière de travers, Tracteur Tom nous avance laborieusement de 5 km jusque tard dans la nuit, puis nous laisse à nous même. Le chauffeur ne peut rien voir, et tout le monde a sommeil, extinction des feux jusqu’à l’aube.

Fausse bonne idée que d’ouvrir les fenêtres pour se donner de l’air.

Une nuée de moustiques agressifs prend possession des lieux, et vient jusqu’à mordre les yeux, le bout des doigts, transpercer les vêtements.


Une chose sure : si Covid il y avait dans le bus, la promiscuité dirait que covid nous aurions. Ou bien il serait mort devant la situation…


Au jour, un obstacle au milieu du champs de boue. Le dégager s’impose pour passer notre bus. Mais le camion bleu pèse lourd dans la bouillasse. Vaseux, nous nous déchaussons et nous enlevons à la main la glaise de ses crampons. Il cale, démarre, crache sa fumée noire, avance puis recule d’autant de centimètres, comme un veau pris dans la vase. Impuissance !

La chaleur sembla également rapidement sans issue. L’eau potable venait à manquer. Les moustiques n’en avaient pas eu assez de la nuit. L’air nauséabond, du au mélange des eaux de crue et des eaux stagnantes, embaumait paraît il la plaine. Dieu m’en épargnait.


Puis l’idée vint de passer à côté du camion boulet, en creusant de nos mains pour refaire un chemin suffisamment sec. Entreprise au premier abord insensée et pourtant…ici personne viendra nous secourir avant plusieurs jours, alors prendre « les choses en mains »…

Et pour choses… durant plusieurs heures, arracher la terre lourde et gluante à cette chaussée et la jeter dans le fossé, libérer quelques sillons et évacuer un peu d’eau à la pelle glissant des mains. Creuser à la pioche ensuite et étaler un peu de terre sèche sur la boue restante.

Arrimer alors une corde à l’arrière du bus, pour le tirer latéralement à 6 bras lors de sa lente progression pour éviter qu’il ne chasse de nouveau de travers et ne percute le malheureux camion, condamné quand à lui à l’immobilité.

Chacun retient son souffle et OUF le bus s’extrait enfin de ce « merdier » (Grand désordre, confusion inextricable. c’est même pas moi c’est le Grand Robert qui le dit), pour arriver sur une zone plus sèche.


Un peu plus loin, jubilation collective. O mirage au loin reflet du ciel sur le goudron (vénération générale). A la tienda de San Borga, tout le monde se refait une santé. Nous engloutissons des verres de Chicha et Somo, boissons « riches » obtenues par macération du maïs (autant à boire qu’à manger). Les chauffeurs, eux, tapent au marteau sur des sacs plastiques remplis de feuilles de coca, puis la joue garnie de cette fameuse plante à mastiquer, sensée calmer tous les maux, ils filent à fond vers Santa Rosa de yacuma, où nous arrivons bien comme prévu à 3h du matin, avec seulement 24h de retard.


Au terminal de bus, nous plantons la tente, pour finir la nuit, au milieu de bestioles noires (sortes de cafards d’une autre planète) de la taille de la main, qui sans doute aveuglées par l’éclairage blafard se cognent maladroitement aux murs. On trouve encore la force d’en rire.


Délogés à l’aube par la traditionnelle « dame pas sympa des toilettes payantes », qui passe en premier le balai contre notre tente, notre fortune apparaît de nouveau.


Luis fait irruption dans notre voyage. Il est là sur sa moto, face à nous démontant la tente, et on lui plait bien ! Faut dire que les touristes sont des oiseaux plutôt très rares ces temps ci.

Il est sur de lui et notre petit doigt aussi : il est le meilleur guide du coin pour aller « s’taper un bout de brousse » ! Sorte de Mick Crocodile Dundee, sourire dévoilant quelques dents en or, chapeau de cowboy vissé sur la tête, Monsieur s’est reconverti en moto taxi faute de …vous savez quoi.

Nous sommes invités à poser la tente devant sa modeste demeure, et sa femme Magali s’en fait une grande joie, nous ne cachons pas la notre. Il nous montre quelques photos polaroid délavées où il arbore un anaconda en guise de collier, au côté de quelque touriste sympa qui lui a laissé ce souvenir.


Douche rêvée depuis des jours, trois quart d’un seau d’eau froide, où flotte une paume (trous percés dans un fruit nommé Tutuma). Une eau marron dégringole du corps, piqueté par les moustiques, la poussière peine à quitter la chevelure. Un petit « cardinal », oiseau blanc et gris à tête rouge, se pose fièrement sur la tringle, puis s’envole à la vue du spectacle.


Le village a des airs d’Afrique. Pistes rouges, motos chinoises, cochons en liberté, déchets partout, ambiance relax, sauf le soir où les gens s'énervent en manisfestant et faisant éclater de gros pétards. C'est que le maire est un voleur, qui a mis dans sa poche le budget prévu de la cantine scolaire fermée depuis un an cause vous savez quoi, et le budget d'état distribué aux mairies pour fournir des vivres, jamais reçues. Ce brave homme a bien sûr déguerpi, mieux vaut pour lui, mais ils ont brulé sa maison...Nous avons su depuis que le village est désormais interdit d'accès et que cette corruption se pratique trop communément en Bolivie.


Quant à nous, après le bizutage du bus, nous passons à présent à l’initiation de la Pampa amazonienne.



En la Pampa


La pampa amazonienne, c'est ce territoire de brousse et de marécage situé à l'orée de la forêt dense (Selva). Cette plaine à la fois ouverte et informe, parcourue de rivières se métamorphose au fil des saisons. Le bétail y va paitre à la saison sèche. Actuellement, les troupeaux de vaches à poils blancs menées par de vrais cowboys sellés sur des chevaux noirs pataugent dans les zones les moins submergées.

La pampa abrite une immense variété d’animaux sauvages ; Concentrés autour du rio à la saison sèche, ils se diluent dans la plaine à mesure que le fleuve inonde tout.


Dés 5h du matin, Luis éclaire nos roues avec sa moto, jusqu’à sa pirogue aux bords du rio Yacuma.

Luis mène bien sa barque, lentement, roulant sur les flots calmes dnas le dédale tortueux du fleuve.

Vulnérables, nous sommes rassurés car il sait « à quoi nous en tenir »…pas le moment de laisser traîner la main à l’extérieur du bateau !


Le jour se lève, la lumière croit. Nos yeux rivés attentivement sur la berge, dans l’eau, sous les branchages, dans les herbes hautes...et en mille endroits, des bêtes de tous poils s’éveillent. Nous avons « l’impression d’entrer dans une fable »


Familles de capibaras, ces gros rongeurs d’Amazonie (records du monde) joufflus à poils roux occupés à mastiquer leur pesant d’herbes. Fourmiliers et tapirs non aperçus.


Dans les arbres le long du rio, des familles de saimiris et autres singes Maneche.


Côté plumes : jabiru, grand échassier à col rouge et noir (photo ratée) ; garsas et autres types hérons, martin pécheurs, petits oiseaux roux à ailes jaune pâle (macana) marchant sur les nénuphars, rapaces prêts à fondre, dont le grand Tapacaré, ou condor de la pampa. Paradent aussi ces innombrables et magnifiques grands oiseaux de paradis (Serere) , au plumage sophistiqué, qui aiment à nous montrer comment ils sont doués pour la reproduction. Aussi ces oiseaux jaunes et noirs (oropendula) élaborant de longs nids verticaux pendant aux arbres.

Quel plus beau compliment faire à son prochain que de le traiter de tous ces noms d’oiseaux …?



Côté cuir et autres : caïmans (vus) , anacondas (non vus) dilués dans la vaste plaine en quêtes d’œufs et d’oiseaux, piranhas, poissons chats Subiri au gout délicieux , tortues d’eau elles aussi très enclines à se multiplier en public.

Enfin le clou du spectacle : Plusieurs dauphins roses endémiques de la rivière (bufeo boliviano). nous déroulent brièvement leur dos, pas facile à fixer en photo.


En la Selva


Rurrenabaque, bourgade à l'atmosphère paisible et ralentie des régions chaudes. Dans une délicieuse exaltation, nous remontons en barge à moteur le fleuve Béni, gonflé. Nous croisons quelques pirogues garnies de bananes, dont le bruit s'étouffe rapidement dans l'océan de chorophylle bordant le fleuve.

Peu avant l’entrée du Parc Madidi, nous atteignons la communauté San Miguel.

Les 200 personnes qui vivent à San Miguel descendent des indigènes Tacana. La communauté a vu les familles se reconstituer depuis le début de la pandémie, de nombreux jeunes sont revenus et certains réapprennent les savoirs ancestraux.


Buchos, notre guide, a pris du poids depuis un an pour cause de vous savez quoi…. Il nous conduit dans son élément et nous apprend d’innombrables choses.


Nous allons marcher dans la jungle (Selva), cheminant lentement dans ce labirynthe de végétation lustrée par les pluies récentes. Au prix de grosses goutes de transpiration, pieds rabougris d’humidité et de sempiternelles piqures de moustiques, nous allons observer et apprendre les propriétés des différents végétaux (originaux et cultivés) traversons un étroit canyon exceptionnel, préparons les appâts et allons pécher, préparons du jus de canne, du chocolat, confectionnons des éventails pour taper les moustiques, écoutons Buchos jouer des musiques traditionnelles avec sa flute, comprenons comment est gérée la communauté….

Peu d’animaux sauvages visibles facilement dans la selva, hormis chauves souris, araignées, frelons, millepattes. Nous voyons aussi furtivement un tatou et un iguane. Buchos nous dit qu’une fois une petite fille de 9 ans marchait devant lui et ses parents, et cria au détour d’un sentier …Ho Maman il y a un gros chat….Le jaguar lui était apparu avant de fondre dans la végétation…nous n’aurons pas cette chance…


Tous les détails et photos dans …le livre de la jungle



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biodiversité pampa et selva

carnet des garcons : le livre de la jungle!

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