L’heure pour nous de quitter l’Amérique du sud arriva bientôt.
Le retour nous ramène en France pour quelques temps, déjà riches d’un immense chapelet de souvenirs à partager avec nos familles, et là stupeur : Simon est pris de fièvre, pas de doute le coronavirus nous a infiltrés.
Tristes de ne pas revoir nos familles comme souhaité, nous positivons et nous confinons loin d’eux, en Vendée. La fièvre nous gagne puis nous quitte dans cette confortable maison que Mamijo nous prête gentiment.
Nos jours sont semblables aux autres, nos corps se reposent. Les lectures ou devoirs passent le temps, Canteloup donne brièvement chaque soir à la même heure quelques nouvelles du pays sur un ton réjouissant puis à un moment nous trépignons.
Le temps nous surprend, semble s’accélérer. Ces 3 semaines passent en un éclair, alors
regonflés à bloc nous triturons le calendrier : c’en est jeté nous repartirons le 6 Mai.
Mais sur quelle route du monde pourrions nous nous jeter à présent ?
Celle de l’Orient, comme une évidence…
La Turquie nous aimante. Elle est ouverte, mais se confine pour quelques semaines.
Nous passerons donc brièvement une journée en transit à Pendik, dans la partie Ouest de l’immense mégalopole d’Istanbul, puis continuerons notre voyage vers l’Asie centrale et cette petite ex-république soviétique qui nous avait déjà tant séduit il y a 8 ans déja, et que les garçons ont assez naturellement oublié : Le Kyrgyztan …
En 2013, nous nous en fumes déjà par là lors de notre trajet de Grenoble jusqu’en Inde du Sud par voie de terre. Aujourd’hui, la fermeture des frontières terrestres nous fait user de l’avion.
Nous enfilons donc ces bottes de géants, yeux d’ogres et pensées divagantes, fronts collés au hublot. Dans ces intervalles aériens, à tourner si vite dans la cage des méridiens les repères se perdent. Si allant vers l’Ouest nous sommes plongés dans une nuit ou un jour sans fin, vers l’est le temps est raccourci, et nous arrivons, après quelques heures de vol, quelques minutes simplement après le départ.
L’avion vrombit depuis le tarmac turc avant de quitter la terre ferme. Il vire, se penche, ébloui par le soleil couchant, puis se fond dans la dense ouate des nues et se perd dans la nuit en un éclair.
Demain va venir plus vite que d’habitude...et sera une autre aventure…
Arrivés à Bishkek juste avant le lever du jour, plein parfum d’Orient, impression d’immensité, vastes plaines englobées par le ciel. Cette capitale aux vestiges hérités de l’époque soviétique: larges avenues, bâtiments démesurés dans un état de délabrement plus ou moins avancé, vastes espaces verts, revêt une ambiance jeune et dynamique.
Mélange de modernité et de décadence, de finesse et rudesse.
A l’auberge Apple où nous logeons, Aiga, Aigul et Lamia nous aident à nous débrouiller car maitrisant ni le Russe ni le Kirguize la moindre entreprise s’avère complexe. Elles proposent de nous louer 3 vélos adultes pour la durée de notre voyage au Kirguizistan. Nous trouvons celui de Simon au grand marché de Osh bazaar, et nous voici bientôt paré à l’aventure.
En 2013, nous avions cheminé à la rencontre des artisans fabriquant yourtes ou tapis traditionnels Shyrdak (https://equitour.jimdofree.com/les-artisans-rencontres/)
Nous contactons cette fois ci l’association environnementale Archa qui se démène avec peu de moyens pour sensibiliser les institutions politiques, éduquer les enseignants et enfants à conserver le patrimoine naturel exceptionnel du pays. Kundus, jeune Kirguise attachante, ses deux collègues Dimitri nous accueillent dans un bâtiment modeste au milieu d’une zone sauvage du sud de la ville, que nous rejoignons en vélo en plus d’une heure, l’occasion de visiter la ville. Pour commencer notre découverte de la richesse naturelle de leur pays, ils nous orientent en premier lieu vers la réserve de biosphère de Sary Chelek, réservoir de biodiversité reculé dans l’extrême ouest du pays. Il n’en faut pas plus pour diriger vers là la boussole de nos vélos.
8 jours, c’est le temps qu’il nous faudra pour rejoindre Aktik aux portes du parc naturel, parfois aidés de voiture ou camion pour finir les plus forts dénivelés.
Forte chaleur, longues montées à 12%, vent de face, troupeaux bloquants la route (chouette divertissement que de rouler au milieu des moutons), tunnels non éclairés, pont récemment défoncé par une rivière, piste chaotique, chaine de vélo cassée, nous surmontons chaque épreuve avec légèreté d’âme et grande énergie corporelle.
Une succession de jours et de nuits comme une suite de bonheurs et d’épreuves.
Nous bivouaquons dans des paysages inoubliables. Le confort ne risque pas de nous engourdir, mais nous le trouvons tout même en chemin dans un hôtel à Karakul.
Dans ces désolations splendides nous environnant de toutes parts, la rivière Naryn coupe le paysage et déroule ses méandres au milieu des montagnes accidentées.
Mais ces splendeurs ne sont de repos que pour les yeux les observant de loin.
Le goudron perle, l’air tremble au ras du sol, et le col est encore loin là haut…
Heureusement notre chemin continue de porter les preuves de la bonté humaine, par ses manifestations à notre encontre. L’amabilité des kirguises est exceptionnelle et rend notre confiance inaltérable.
Les gens dans leurs vieilles Lada ou Passat, ou les fameux fourgons russes gris UAZ, nous dépassent en klaxonnant, pouce en l’air, certains s’arrêtent même et nous voilà une énième pause photo de groupe immédiatement lancée sur les réseaux sociaux du pays.
Etonnés par notre aventure, reconnaissants que nous accordions du temps et de l’intérêt à leur pays, nous nous voyons offrir sur la route boissons, pain, et même poisson cuisiné aux p’tits oignons.
En chemin, nous avons la joie de prêter main forte à des groupes de volontaires qui collectent les nombreux déchets maculant les fossés sur le bord lac de Togtogul.
Nous essayons de parler quelques phrases dans un mélange de russe et de kirguize. Effet bien sûr apprécié, mais la tache est aussi ardue de soutenir une conversation que de trouver ici quelqu’un alignant deux mots d’anglais…en cette période les étudiants sont encore à la capitale, et les enfants joviaux (les premiers que nous voyons à l’école depuis 1 an) comprennent à peine « Hello » mais savent déjà l’essentiel pour leur âge : se chamailler à grands coups de pieds et éclats de rire, manier la fronde ou mener le cheval.
A Aktik, nous logeons dans un Homestay confortable avec gite et couvert. Nous laissons nos vélos se reposer, et sacs sur le dos avec vivres et matériel pour deux jours, rejoignons les rives du lac Sary Chelek perché à une quinzaine de kilomètres du village.
La marche permet une qualité de solitude, de regard, de nature à tenir notre âme en haleine, à porter attention aux plantes, insectes. Le sentier nous gratifie des plus belles fleurs sauvages printanières : tulipes, orchidées, pivoines, ail …
L’ours, les cerfs et les bouquetins sont présents dans les sous bois ou les pentes rocheuses, mais de mammifères nous verrons simplement les marmottes ainsi qu’un gros raton laveur, trop véloce pour fixer le moment en photo.
Aujourd’hui nous sommes le 18 mai, c’est l’anniversaire pour Martin. Pour que l’évènement fasse date : 12 dattes sur un pain et quelques bonbons. Affreux parents penserez vous, mais les épiceries du village ne débordent pas plus de délicatesses.
Bivouac seuls au bord du lac sur fond de montagnes enneigées donc en guise de cadeau. Beauté éblouissante, sentiment euphorisant d’une fin de journée à la lumière flamboyante, corps fourbus, rêvassant devant une tasse fumante.
Pour redescendre le lendemain, un raccourci nous réserve quelques surprises, comme la pluie, ou encore le passage à gué d’une rivière glacante.
Todo tan lindo, saludos de Douglas y RQuel
salut les buff! all around the world Profitez bien....